De la théorie à la pratique, après avoir suivi avec intérêt la présentation faite lors de notre assemblée générale par la Fondation du patrimoine nous sommes partis en ce 28 septembre 2017, visiter plusieurs églises récemment restaurées grâce notamment à l’aide de cet organisme de défense du patrimoine.
Près de 70 adhérents et amis se sont donné rendez-vous à la Maison diocésaine de la Visitation pour se rendre en autocar ou en voiture particulière jusqu’à l’église Saint Jean de Villeau, première étape de notre balade où nous attendait Daniel Couteau son vigilant veilleur. Charles Jobert Président de l’association a présenté cette église classée Monument historique en 1966 et a attiré notre attention sur ses parties les plus remarquables. Tout d’abord la voûte en bois lambrissé aux sablières ornées de fines sculptures d’époque Renaissance conservant des traces de polychromie, puis l’imposant retable dominant le maître-autel composé de boiseries en faux marbre du XVIIe siècle obstruant partiellement les fenêtres du chœur où trônent les statues en bois de la Vierge Marie, de saint André, Saint Sébastien et saint Jean. Moins spectaculaires mais fort intéressants, le banc d’œuvre couvert d’un dais supporté par deux élégantes cariatides, des traces de peintures murale remontant au XVIe siècle, vestiges d’une ancienne danse macabre, et la chaire à prêcher, sobre meuble en bois du XVIIe dont la cuve présente en haut-relief saint Jean l’Evangéliste titulaire et patron de l’église.
Douze kilomètres à peine nous séparaient de Beauvilliers où après avoir franchi un antique portail du XIIe surmonté d’un exceptionnel tympan décoré d’un agneau pascal portant dans sa patte l’oriflamme de la Résurrection nous entrions sous la conduite de Charles Jobert dans l’église Saint Martin. Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir un ensemble magnifiquement rénové particulièrement la voûte en bois lambrissé et le remarquable mobilier qui semblent tout droit sortis du XVIIe siècle. Les anciens paroissiens se souviennent encore d’un banal plafond en plâtre qui couvrait la nef et masquait un lambris en bois qui grâce à une habile restauration a pu revoir le jour et retrouver ses couleurs vives et gaies. Tout aussi riant et coloré le tabernacle et son gradin or et azur, les boiseries et les colonnes corinthiennes du retable en faux marbre au nuances de rouge et de jaune, les statues d’évêques rutilantes de feuilles d’or, le tableau représentant l’Annonciation faite à Marie, jusqu’au fronton encadrant un ciel d’azur peuplé de nuages d’or. D’autres trésors nous attendaient en particulier le lutrin du XVIIe siècle classé monument historique dont l’axe est comme soutenu par trois délicieux putti, et le banc d’œuvre assez voisin de celui de Villeau avec son dais et ses atlantes mais qui a conservé ses délicats pots à feu et dont la sculpture est plus raffinée.
Quelques tours de roue et nous voici parvenus à Prunay-le-Gillon. Chantal Genet notre ancienne présidente joue son rôle d’hôtesse avec l’attention, la courtoisie et l’efficacité qui lui sont habituelles. La mairie a mis obligeamment à notre disposition une salle municipale où nous sommes chaleureusement accueillis par le maire pour partager notre déjeuner. Nous sommes rejoints pour ce moment de convivialité par l’Abbé Daniel Rambure, le Président fondateur, l’Abbé François Muchery, délégué de l’évêque auprès de notre association et son prédécesseur l’Abbé Philippe Ferré, l’Abbé Hugues de Tilly et l’Abbé Nicolas Boucée qui vient d’être nommé vicaire de la paroisse de l’Epiphanie où nous sommes. En guise de de digestif, Chantal Genet nous sert opportunément un inventaire de toutes les actions pastorales menées par une paroisse fort active animée d’élan missionnaire.
Après ces instants consacrés à alimenter nos corps nous rejoignons l’église Saint Denis où nous rejoint le sympathique maire de Prunay-le-Gillon Jackie Ferré qui nous brosse avec verve et enthousiasme le long et fastidieux chemin qui a conduit à la restauration de la voûte de ce monument. Il faudrait plutôt dire « dérestauration » car le chantier consistait à retrouver la magnifique charpente à chevrons aux poinçons sculptés de 1541 masquée au XIXe par un décor de fausses ogives en briques peintes voulu par le curé qui souhaitait transformer son humble mais authentique église rurale en une véritable basilique gothique avec nef, bas-côté et déambulatoire. Le résultat est admirable et spectaculaire ; entraits, poinçons et sablières réapparaissent dans toute leur authenticité même s’il a bien fallu reconstituer certains éléments détruits. Autre restauration sur laquelle Monsieur Ferré s’arrête un instant, un lumineux tableau du XVIIIe dû à Lecoq représentant la Résurrection du Christ. Enfin nous découvrons les fonts baptismaux du XIIIe siècle classés monuments historiques avec leur cuve à godrons très bien mis en valeur dans une chapelle ouvrant sur la nef par une élégante arcade. Françoise Illy pour ne pas faillir à une excellente tradition photographie le groupe réuni pour la photo de famille sur le perron de l’église avec en arrière-plan le très pur portail du XIIIe siècle.Humblement posée entre les tombes d’un romantique cimetière telle nous apparaît la charmante église de Barjouville. Mme Christiane Breton nous accueille en sa qualité de présidente de l’association de sauvegarde de l’église a l’origine de la campagne de restauration qui a permis de redonner à cet édifice tout son lustre d’antan. M Chartier grâce à sa vaste érudition et sa parfaite connaissance du monument nous gratifia d’une visite très complète et tout à fait passionnante nous rappelant que la flèche d’ardoise dominant l’édifice qui menaçait ruine avait dû être remontée et le plafond en frisette supprimé pour faire apparaître la charpente de bois redonnant ainsi à l’église toute son authenticité. Il s’attarda à juste titre sur le magnifique tableau dû à l’atelier du peintre Carlo Saraceni (1579-1620) disciple du Caravage, représentant Sainte Anne, la Vierge et l’enfant Jésus et appela notre attention sur un curieux disque de pierre ajouré en forme de rosace retrouvé fortuitement à l’occasion des travaux muré dans le pignon. L’office des vêpres fut ensuite chanté sous la présidence de l’Abbé Hugues de Tilly. A son issue s’éleva un hymne à la Vierge bouleversant de beauté chanté avec foi par Maurice et Monique Heurtebise, Jean Pierre et Françoise Millet et Jean–Claude Illy. Avant de nous quitter l’association de sauvegarde de l’église eut la délicatesse de nous offrir un rafraîchissement qui nous permit de terminer cette belle journée sur une note amicale et pleine de sympathie.