Anniversaire oblige, c’est dans les pas de saint Martin que nous avons voulu mettre les nôtres en cette année 2016 où est commémoré le 1700e anniversaire de la naissance de celui que l’on a surnommé l’apôtre des Gaules. Pas moins de 57 églises du diocèse de Chartres sont placées sous le patronage de celui qui prit sans nul doute une part importante dans l’évangélisation des campagnes de la Beauce et du Perche. Nous partons à plus de 68 à la découverte de quelques églises de la région de Courville sur Eure.
C’est l’humble église Saint Martin de FAVIERES qui la première nous ouvre ses portes grâce au sympathique accueil de Mme GUILLY. Le nouveau président Charles Jobert après avoir remercié Chantal GENET pour le remarquable travail accompli pendant six ans à la tête de l’association retrace les principales étapes de la vie de saint Martin. Il est aidé en cela par la présence dans le retable d’une toile du peintre PICHOIS datée de 1863 représentant Martin fracassant les idoles et d’une grande statue polychrome où il est représenté revêtu des ornements épiscopaux d’évêque de Tours. Un modeste reliquaire du XIXe siècle renferme de minuscules reliques de saint Martin devant lesquelles nous pouvons nous recueillir. On ne peut quitter Favières sans évoquer la figure de saint Évroult auquel est consacré un autel latéral surmonté d’un tableau montrant le saint ermite vêtu d’une bure accueillant un pénitent. Ce petit retable est comme tous ceux de l’église agrémenté de pots à feu, Charles Jobert en profite pour préciser que cet élément n’est pas seulement décoratif mais présente un caractère symbolique rappelant la ferveur de la prière brûlante d’amour s’élevant vers Dieu, comme l’encens qui brûle en sa présence.
Direction plein sud, jusqu’à Fontaine-la-Guyon où nous accueille Mme HALLAY épouse de notre regretté trésorier qui nous confie aux bons soins de M CHARRON qui nous retrace avec toute son érudition l’histoire de l’église Saint Martin et montre les nombreuses œuvres qu’elle renferme. Le saint patron y figure au travers de l’épisode fameux du partage du manteau au profit d’un pauvre aux portes d’Amiens peint sur un petit tableau du XIX ème. couramment appelé charité de saint Martin. Nous sommes impressionnés par l’importante série de statues anciennes des XVIIe et XVIIIe siècles formant comme une haie d’honneur de huit saints et saintes dont les incontournables sainte Barbe, sainte Catherine et saint Eloi. La plus remarquable curiosité est certainement le reliquaire de saint Gorgon patron secondaire de l’ancienne paroisse représenté sous la forme d’une rarissime figurine en cire du XVIIe siècle. La chasse est placée sur un brancard en bois constituant comme un pont sous lequel passent les pèlerins.
L’église avec l’imposant château en briques et pierres du XVIIe siècle entouré d’un vaste parc arboré constituent un ensemble d’un charme indéniable auquel nous avons succombé puisque que c’est dans la pittoresque grange située à l’entrée de l’allée d’honneur conduisant au château que nous avons pu partager notre sympathique et amical déjeuner.
L’après-midi nous nous retrouvions à Courville sur Eure pour visiter l’église Saint Pierre, vaste édifice des XVe et XVIe siècles couvert d’un berceau en bois aux poinçons, sablières et entraits richement sculptés. Le temps a semblé bien court pour pouvoir s’attarder sur les très nombreuses richesses artistiques qu’elle renferme. Curieusement une partie d’entre elles sont arrivées là en pleine Révolution grâce à la sagacité de deux marguilliers qui se sont rendus acquéreurs en 1792 de meubles arrachés à des églises chartraines par le vandalisme des sans culottes. C’est ainsi que l’immense retable du maître autel provient de l’abbatiale saint Pierre, le riche banc d’œuvre aux élégantes boiseries Régence de l’église Sainte Foy, et les délicates stalles de l’église Saint Aignan. Charles Jobert tient à attirer notre attention sur un chemin de croix original à bien des égards tant par son auteur un certain M. LEMOINE plus connu sous son pseudonyme de MUSSY, chansonnier et directeur pendant 20 ans du célèbre cabaret parisien du caveau de la République que par ses stations réalisées en marquèterie de différents métaux soulignées par un motif symbolique emprunté au langage des fleurs.
Un saut de puce et nous voilà à l’église CHUISNES dont Mme BILLON la dévouée gardienne nous ouvre les portes. Attention ne pas confondre, nous sommes dans une église dont le vocable est Marin et non Martin comme certaines transcriptions hasardeuses ont pu le faire croire. Cet ermite mort martyr en Maurienne, décapité par les sarrasins en 731, figure statufié dans le chœur. Mais ce qui surprend dans cette modeste église rurale, c’est l’exceptionnelle richesse des trois retables du chœur du XVIIe siècle aux boiseries délicatement ornées de fines sculptures polychromes. Au centre dominant le maître autel une grande toile de l’école espagnole montre saint Dominique et sainte Catherine de Sienne recevant des mains de l’enfant Jésus le rosaire. Les chartrains n’ont pas manqué de remarquer à la base du poinçon de la ferme située à l’entrée du sanctuaire un écusson renfermant deux angelots portant une chemisette, allusion sans doute à la sainte chemise de la Vierge conservée dans le trésor de la cathédrale de Chartres.
Isolée en pleine nature au milieu de son cimetière, l’église du Favril nous apparaît de la route dominée par sa fine flèche d’ardoise. Dès l’entrée nous sommes enchantés par l’atmosphère chaleureuse et paisible du lieu, accueillis par un fond musical invitant au recueillement, admirant le soin avec lequel l’église est entretenue et par la mise en valeur des œuvres .Tout ceci grâce au dévouement que M. GUZOWSKI qui se consacre avec passion à cette église. Passion qu’elle parvient à nous faire partager au travers de ses commentaires émaillés de souvenirs et d’anecdotes montrant combien cet édifice est vivant. Après avoir présenté les vitraux du XIXe elle évoque la découverte fortuite du tableau de l’Assomption de la Vierge et des somptueuses boiseries longtemps reléguées au fond de l’église qui après trois ans de méticuleuse restauration ont pu retrouver leur place au-dessus du maître-autel. Autre trésor le vrai faux tombeau des Alligre constitué en fait de puttis, colonnes, boules et médaillons de marbre blanc du XVIIIe siècle provenant d’une sépulture appartenant à une autre famille et remontés ici au début du XIXe par Etienne Jean François Aligre qui voulut de la sorte rendre hommage à ses ancêtres Etienne d’Aligre et Elisabeth Chevalier. Le temps malheureusement trop limité ne permit qu’à quelques privilégiés d’admirer la sacristie exemple d’ordre et de propreté où les objets sont rangés avec respect grâce aux soins constants et éclairés que lui apporte Mme GUZOWSKI
Puis les deux cloches s’ébranlèrent sous l’effort conjugué des plusieurs de nos adhérents pour annoncer l’office des vêpres présidé par l’abbé RAMBURE qui clôt notre journée par l’action de grâce comme le veut une heureuse tradition désormais bien établie.