Sortie annuelle 2015

10 septembre 2015

C’est sous un radieux soleil qu’en ce 10 septembre 2015 plus de 50 de nos adhérents ont allégrement grimpé dans l’autocar qui allait les mener à la rencontre de deux communautés religieuses nées dans notre diocèse sous l’impulsion d’hommes et de femmes soucieux de vivre l’Evangile et de témoigner de l’amour du christ auprès des plus pauvres. Cette sortie se plaçait de la sorte dans la continuité du thème des saints retenu l’an dernier en nous conduisant sur les pas de fondateurs de congrégations religieuses et s’inscrivait également dans le cadre l’année de la vie consacrée. 

 La première étape nous a permis de visiter la maison édifiée à Sainville par la bienheureuse Marie Poussepin pour accueillir les sœurs de la charité dominicaines de la Présentation. Sœur Marie Thérèse Perdriault nous a accueilli dans cette vénérable maison construite en 1696 qui désormais sert de lieu de formation pour les jeunes novices venues du monde entier. Sous sa conduite nous avons pu découvrir un ensemble de pièces anciennes pleines de charme et admirablement mises en valeur grâce aux soins vigilants dont elles sont l’objet : l’ancien réfectoire, la salle du chapitre, l’apothicairerie et, moment le plus émouvant la modeste chambre de la bienheureuse. Nous avons pu nous recueillir quelques instants dans la chapelle aménagée voici quelques décennies qui renferme des œuvres contemporaines originales de qualité en particulier le tableau servant de retable où l’artiste Pierre Petit a campé les personnages de la Sainte Trinité au milieu de la Beauce, ainsi qu’un chemin de croix réalisé par Yves Le Pape. La visite s’est achevée dans un petit musée équipé de panneaux retraçant de manière pédagogique et fort attrayante l’histoire de la congrégation des origines à nos jours. 

Les quelques dizaines de mètres nous séparant de l’église rapidement parcourus , après avoir franchi la porte aimablement ouverte par Nathalie Rousseau, nous nous retrouvons assis dans les stalles du XVIIIe siècle bordant l’avant chœur pour écouter  Charles Jobert qui nous aide à regarder l’architecture, les meubles, les tableaux et les vitraux qui nous racontent l’histoire de ce vénérable monument bien mieux que ne sauraient le faire les livres les plus documentés. Il nous invite à admirer le retable du XVIIIe siècle au fronton curviligne soutenu par deux élégantes colonnes corinthiennes orné de cinq tableaux dont une magistrale Assomption. Autre curiosité à considérer tant par son intérêt artistique que par le témoignage qu’elle rend aux mérites d’un père et d’une mère méritants ; une grande toile du XVIIe siècle représentant la Sainte Famille provenant de la collection Tartarat offert par Eugène Farcot en 1893 en hommage aux époux Delafoy. Marie Poussepin n’est pas absente dans cette église puisqu’une plaque rappelle la visite que lui fit l’illustre Bossuet en 1696 l’année même de la fondation de sa communauté.

Sur la route nous conduisant à Levesville-la-Chenard nous faisons une halte pour visiter l’église Saint Sulpice de Châtenay. Dès l’entrée Charles Jobert appelle notre attention sur la présence inattendue dans le clocher porche de trois statues en bois polychrome du XVIe siècle représentant le christ en croix, la Vierge et saint Jean provenant assurément d’une ancienne poutre de gloire. L’édifice présente toutes les caractéristiques des églises de Beauce avec son toit à bâtière, sa voûte en bardeaux de bois et son riche retable peuplé de statues de style Régence. Comme ses sœurs elle a vu tout son aménagement intérieur refait dans le cadre de la contre-réforme pour traduire les dogmes réaffirmés par les pères du concile de Trente contre l’hérésie calviniste : le vaste autel, lieu du renouvellement du sacrifice du Christ, le précieux tabernacle lieu de la présence réelle et le grandiose retable manifestation glorieuse de la communion des saints. Chacun a pu toucher du doigt cette réalité en soulevant les nappes d’autel pour découvrir les pierres de consécration marquées des cinq croix symbolisant les cinq plaies du Christ crucifié. Dans la droite ligne de la communion des saints, Adrienne Barrault et sa maman nous apportèrent leurs précieux témoignages sur le pèlerinage à sainte Julienne dont l’église conserve des reliques.

Nous parvenons en fin de matinée à Levesville-la-Chenard terme de notre sortie et berceau de la communauté des sœurs de Saint Paul si chère aux chartrains où nous sommes accueillis pour le déjeuner. Après avoir restauré nos forces grâce aux nourritures terrestres apportées par chacun des participants nous partons sous le conduite de Sœur Monique à la découverte de l’humble presbytère où vécut l’abbé Louis Chauvet curé de la paroisse qui fonda la première communauté en 1696. Cette maison qui a conservé toute son authenticité renferme un petit musée. Non loin de là subsiste le berceau ; lieu émouvant où est née la primitive école fondée par Marie Anne de Tilly, Marie Micheau et Catherine Sirou, destinée à accueillir les enfants des familles pauvres de la paroisse. Elles répondaient ainsi au vœu du père Chauvet : constituer des petits groupes de personnes pieuses chargées d’instruire les enfants, de soigner les malades et de visiter les vieillards. La petite graine semée dans la fertile terre de Beauce a beaucoup grandi puisque aujourd’hui la congrégation compte plus de 4200 religieuses, réparties dans 40 pays dans près de 600 communautés. 

Nous nous sommes retrouvés dans l’église Saint Martin dont l’extérieur dominé par un clocher à bâtière a su conserver tout son caractère et sa rusticité, alors que l’intérieur a subi des modernisations au cours du XIXe siècle qui l’ont privé de son authenticité. On peut regretter la disparition de sa voûte en bois remplacée par une fausse voûte d’ogives en briques peintes, ainsi que son ancien mobilier. Pour nous consoler nous avons pu admirer quatre magnifiques statues en bois dont une touchante vierge à l’enfant portée par des anges et nous recueillir quelques instants sur la sépulture des trois cofondatrices recouverte d’une simple dalle de marbre blanc. L’Abbé Proteau, curé de la paroisse, nous y a rejoint pour l’office des vêpres. Nous avons pu ainsi conclure dans l’action de grâce cette sympathique journée de rencontres, de découvertes et d’amitié en unissant toutes nos voix pour chanter « Dieu nous te louons, Seigneur nous t’acclamons dans l’immense cortège de tous les saints ».