Pour la première fois l’association Eglises ouvertes en Eure-et-Loir a organisé sa traditionnelle sortie d’automne en partenariat avec une association à vocation culturelle à savoir « Art et clocher » organisatrice d’expositions d’art contemporain dans neuf églises rurales. Cette initiative nous avait été présentée lors de l’assemblée générale par Madame Estelle VINCENT qui nous a fait l’amitié de nous accompagner tout au long de la journée pour commenter les œuvres des artistes présentées dans quatre des cinq églises du Drouais et du Thymerais inscrites à notre programme.
1ère étape : église de Tréon
Partis de la Visitation à 9h nous nous sommes retrouvés vers 9h45 au chevet de l’église de Tréon pour considérer cette partie de l’édifice qui remonte à la fin du XIe Nous retrouverons le style roman dans le portail de la façade aux voussures en plein cintre ornées de billettes identiques aux sourcils qui surmontent les fenêtres du chœur. Ces fenêtres aux formes aussi variées, que leur style, trahissent les nombreuses modifications intervenues aux cours des XIIe, XVe et XVIe s. Reconstruction partielle à la suite des désastres causés par la Guerre de 100 ans dès la fin du XVe, adjonction de deux chapelles latérales dans le goût flamboyant au début du XVIe , élévation d’une massive flèche d’ardoise au XVII e s. Ce vaste édifice véritable patchwork renferme aussi bien, deux précieux chapiteaux romans dont l’un historié représentant le péché originel, qu’une vasque baptismale à gaudrons du XVIIe, ainsi qu’un banc d’œuvre et deux ravissants autels latéraux aux délicates boiseries peintes en faux marbre. C’est devant l’un d’eux qui renferme une statue de saint Blaise que Charles Jobert nous raconte l’histoire du patron de l’église et son fameux miracle de l’arête de poisson extirpée de la gorge d’un enfant grâce à l’imposition de deux chandelles de la Chandeleur. Mais nos visiteurs ne manquent pas de constater la présence d’œuvres contemporaines dues à Sandrine THIEBAUD-MATHIEU et Yannick DUBLINEAU cette dernière présente pour nous commente avec délicatesse ses grandes toiles qui comme le précise la notice éditée pour cette manifestation « trouble les espaces et les reliefs »
2e étape : église de Louvilliers-en-Drouais
Grâce à la célérité de notre sympathique chauffeur nous nous retrouvons vers 11h15 à l’église de Louvilliers-en-Drouais où nous sommes accueillis par notre dévouée adhérente Françoise LEMEE, adjointe au maire ; armée d’une énorme et antique clef elle nous ouvre la porte de l’humble église qui offre à nos yeux un espace intime et chaleureux couvert d’un lambris de bois remontant à 1514 et ceint d’un ensemble de lambris du XVIIe s. Si, comme le souligne notre Président, il faudrait pour chaque église retenir un seul élément remarquable se serait ici à n’en pas douter l’arc triomphal rare meuble en bois aux délicates sculptures rocailles qui limite et donne accès au sanctuaire. Il ne faudrait pas pour autant oublier la statue en pierre polychrome du XVIIe campant saint Léger protecteur de cette église revêtu des riches ornements sacerdotaux qui siéds à sa qualité d’évêque d’Autun, pas plus que celle représentant sainte Barbe du XVIe foulant de ses pieds son bourreau de père qui a conservé sa polychromie d’origine. Le maire Gérard GAUTIER nous signale que beaucoup plus récemment un peintre local a fait don à l’église en 1943 d’une peinture que l’on peut voir au-dessus du maître autel représentant ce saint martyr en prière devant la Vierge. En quittant l’église, l’on n’a pas manqué de poser nos regards sur un bouleversant Christ en croix dressé sur le revers du mur de façade provenant sans doute de la poutre de gloire.
A deux pas de là nous attendait une salle polyvalente mise généreusement à notre disposition par la mairie pour nous permettre de prendre notre déjeuner. L’Abbé Jean Marie LIOULT venu en voisin nous fait l’heureuse surprise de partager fraternellement notre repas.
3e étape : église de Boissy-en-Drouais
Un jet de pierre, 1,5 km à peine, nous sépare de notre prochaine étape Boissy-en- Drouais. Rassemblés devant la façade de l’église Notre Dame nous pouvons admirer la richesse du portail Renaissance flanqué de colonnes engagées surmontées d’un entablement richement sculptés et coiffés d’un décor de chimères dressées et de candélabres entourant une niche. Il nous fallut passer sous cette royale porte pour entrer dans la vaste nef lumineuse et claire. Là nous attendait le maire Michel ETIENNE-AUGUSTIN auquel Charles Jobert passa la parole afin qu’il nous narre la longue aventure d’une exemplaire restauration qui dura plus de 10 ans et coûta pas moins de 320 000 euros. Les participants applaudirent chaleureusement l’orateur, lui témoignant ainsi leur admiration et leur reconnaissance. Charles Jobert expliqua que l’église se trouve dans l’état tel que nous l’a léguée le XIXe siècle avec son riche décor peint au pochoir rénové entre 1882 et 1885 qui enlumine tant le lambris que les murs.. La toute récente restauration met bien en valeur l’imposante chaire à prêcher avec la représentation du tétramorphe et le banc d’œuvre somptueusement décoré de délicates sculptures d’époque Louis XV. Jean Pierre MERIAUX fidèle adhérent de notre association et responsable de « l’association buxéenne culture et patrimoine » avait tout spécialement sorti pour l’occasion un émouvant Enfant Jésus en cire, travail de religieuses contemplatives réalisé au XIX e s que chacun pris plaisir à regarder avec attendrissement. Les œuvres exposées par Jean Pierre MENARD captèrent le regard de nos visiteurs auxquels Estelle Vincent s’employa à donner quelques clefs de lecture pour la compréhension de ces longues farandoles de couleurs vives et mouvantes.
4e étape : église de Châtaincourt
Puis le car nous conduisit dans le tout proche village de Châtaincourt où l’église Saint-Martin s’élève, toujours entourée de son cimetière comme le veut l’antique tradition chrétienne. En pénétrant dans la nef tous les regards furent attirés par le riche retable qui depuis la seconde moitié du XVII e s occupe le fond du chœur, il enrichi de sa vive polychromie, de ses colonnes enguirlandées de pampres de vigne et de son lumineux tableau représentant l’adoration des bergers cette modeste église de campagne. Charles Jobert attira notre attention sur le patron secondaire de ce lieu Saint Gorgon militaire romain martyrisé pour avoir refusé de sacrifier aux idoles, statufié à deux reprises notamment sur l’autel latéral nord où il apparaît piétinant son casque. Nos visiteurs eurent le bonheur de pouvoir échanger avec Johara ESCOURROU, très touchés par l’approche mariale de l’artiste dans ses productions aux couleurs chatoyantes.
5e étape : église de Saulnières
Notre dernière étape nous mena jusqu’à l’église Saint-Pierre de Saulnières posée sur un tertre gazonné dominant tout le village blotti à ses pieds. Le tabernacle doré brillait sous les rayons des feux crépusculaires comme pour irradier la présence divine qui l’habite, contrastant avec la blancheur des boiseries du retable enchâssant une toile représentant Saint Pierre sortant de prison libéré de ses liens. Ce bel ensemble de la deuxième moitié de XVIIe est animé par la présence des statues de saint Pierre et saint Sébastien occasion pour Charles Jobert de rappeler que ce dernier est l’un des saints les plus représentés dans les église d’Eure et Loir en raison de sa réputation avec saint Roch de saint anti-pesteux. C’est cette église qu’a choisie notre accompagnatrice Estelle Vincent pour présenter ses peintures. Tous les participants ont été sensibles à la démarche de l’artiste qui par sa peinture cherche à regarder profondément pour toucher l’humain. Ils ont suivi avec beaucoup d’émotion la présentation par l’artiste de la série des « survivants » ces portraits d’hommes et de femmes « qui avaient tous en commun de traverser une grande souffrance et de lutter pour leur guérison ce qui donne à leur présence au monde une incroyable intensité ».
À l’appel de la cloche nous étions invités à nous rendre dans la chœur pour chanter les vêpres présidées par Jean-Marie Lioult curé de la paroisse Saint-Etienne-en-Drouais dont relève l’église de Saulnières. Jean-Paul, Monique, Françoise et Maurice prêtèrent leurs mélodieuses voix « gouziennes » pour faire monter avec ferveur nos prières vers le Seigneur. La prière universelle fut le moment favorable pour rendre hommage à Jean-Pierre MILLET qui, le 4 avril dernier, comme chaque année, accompagnait Claire et Charles pour effectuer le repérage du parcours de la promenade que nous accomplissions en ce 17 septembre et qui nous a quitté le 6 juin dernier.